Le Donjon dit " La toque "En raison de son ancienne toiture en forme de toque pointue, le donjon d'Huriel est un des rares donjons quadrangulaires français, au même titre que ceux de Montrichard, Beaugency et Loches. Vestige de l'ancien château des Seigneurs, entouré de fossés jusqu'au milieu du siécle dernier, il est entiérement construit en blocs de granit régional. Quatre campagnes de construction seront nécessaires pour parvenir à ce que sera le Château d'Huriel au temps de sa splendeur (XV - XVIe siécle). Au XVe si&cle,quatre tourelles sont ajoutées aux angles (deux subsistent aujourd'hui), reliées entre elles par des murs d'enceinte. Ayant essentiellement une vocation défensive, le château est laissé àl'abandon jusqu'en 1879 quand il est racheté par la commune toujours depuis et constamment conservé . Il est classé depuis 1885 aux monuments Historiques
Imaginons l'évolution possible de la construction du donjon
La région de Montluçon posséde un des rares témoignages encore presque intact d’une étape essentielle des arts militaires du premier âge féodal: le passage des donjons de bois aux premiers donjons de pierre. Le destin des donjons de bois juchés sur leurs mottes castrales a été trés différents d’une seigneurie à l’autre. Rapidement devenues obsolétes face à la solidité éprouvée des constructions de pierre, les tours de bois, élevées par les premières familles dominant la région au XIe siècle, ont laissé la place à de nouvelles forteresses.
L'histoire du château
Berry médiéval: histoire et patrimoine du Moyen-âge en Berry rédigé et illustré par Olivier Trotignon, médiéviste
Vraisemblablement entreprise par la famille des Humbaud d'Huriel, la construction de ce donjon commence à l'orée du XIème siècle, la tour de pierre remplaçant une simple tour charpentée. Avec le perfectionnement des armes de jet, on augmente une première fois la hauteur du 1er bloc vers le milieu du XIIème siècle, avant de lui donner son élévation définitive ( 24 mètres au parapet ) à fin du XIIème ou au début du XIIIème siècle. Une galerie en bois couverte – le hourd – qui ceinturait l'édifice à mi-hauteur, permettait des rondes et couvrait le pied de la muraille
. Au XIIIème siécle, on entoure la ville de remparts, et des fossés inondables sont creusés autour de la Toque, laissant la tour isolée sur son îlot, uniquement relié à la ville par deux ponts amovibles.
A la fin de la guerre de Cent ans, la Toque perd son intérêt stratégique pour le roi de France : la ville close dominée par le donjon était situé jusqu'alors sur la frontière du comté de la Marche, allié traditionnel des ducs de Guyenne, rois d'Angleterre. Jean II de Brosse, seigneur des lieux, décide donc de rendre son donjon plus habitable : il le coiffe d'un toit à 4 pans, le flanque de 4 tourelles reliées entre elles par une enceinte à chaque angle et lui ajoute des dépendances. Voilà la vieille tour devenue agréable résidence ! Cette campagne se double d'aménagements intérieurs : on perce les grandes fenêtres à meneaux, on construit les cheminées à hottes des étages, et un début d'escalier entre les salles qui remplace l'ancien système d'échelles. Après le départ au XVIème siècle de la famille de Brosse, la Toque connaîtra de nombreux propriétaires, le manque d'intérêt de ces derniers provoquant la ruine progressive de l'enceinte et des tours. A partir de 1779, jusqu’en 1879, les fossés seront comblés ( en raison des épidémies qu'ils provoquent), et les remparts démolis. La Municipalité, nouvelle propriétaire du Donjon ( depuis 1879, le classement Monument Historique intervenant en 1885), arrive juste à temps pour sauver deux des quatre tours. Elle entreprend avec l'architecte Darcy, une vaste campagne de restauration en 1903 : le toit est démoli, et remplacé par une terrasse qui offre un des plus beaux panoramas du Bourbonnais. On construit aussi une tourelle d'escalier, qui permet d'accéder aux étages et après une montée de 105 marches, à la terrasse. Un siècle plus tard, le Donjon appartient toujours à la commune, qui assure sa conservation ainsi que celle de l'Eglise Notre-Dame : il abrite un musée de la Vigne et du Moyen-Age dans trois de ses salles, et accueille dans les deux salles restantes des expositions estivales. Ref: P.Pizon, La Toque d'Huriel , Imprimeries Réunies, Moulins Yzeure,1984. Terrade Claude, Le Château d'Huriel Supp. au journal scolaire édité par la coopérative scolaire de l'école de garçons d'Huriel, 1973.